” Ce n'est pas la fièvre, les quarantaines commencent toujours au moment
où les faux chiffres disparaissent dans la vraie lumière. ”

Kim Doré


” Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose,
qui est de ne pas savoir demeurer en repos
dans une chambre. “

Blaise Pascal


” Comment pouvons-nous nous soustraire à l’apesanteur,
si ce n’est en faisant vagabonder notre esprit. “

Antoine Josse


” Tant que nous danserons
La mort se mettra à genoux
Nos pieds caressent le Corps Mère
Et dérivent sur ce pays d'exil
Dont nous sommes les fleurs. “

Virginia Pésémapéo Bordelea

Le rayonnement des corps noirs


Évidemment que tu es né à l'envers
il tonne et je ne connais pas l'autre
façon de survivre la parole l'univers
c'est ta peau le grand soupir des oiseaux
empaillés c'est ton rire qui résonne
au fond des couloirs où toutes les mères
et une seule ont vu s'ouvrir la terre
en même temps que leur ventre

peut-on savoir ce que charrie le vent
plus besoin des anges ni de la guerre
maintenant que je t'ai vu naître
dans la vérité immédiate de mon amour
un long silence mathématique
m'a ouvert le coeur en même temps
que les cuisses j'ai la certitude
de t'avoir déjà vu quelque part

mon fils respire et c'est la fin des temps
regarde-moi aimer de toute ma faiblesse
et mes épaules qui versent sous le poids
d'un non permanent amour épouvantail
nous sommes cobayes du mouvement
des branches feuilles endorphines
d'autres s'y pendent les soirs de lunes
totales et fluorescentes regarde-moi

regarde-moi éprise de tempêtes
dans le même arbre que la mort
les sages auront tout essayé
pour que cessent l'automne et
ses rougeurs hélas il tonne
et à nouveau la tête éclate
en petites images à coller
la vérité pour une étrenne

je me suis trompée de syntaxe la vie élève
un animal avec les choses mourantes l'hiver
aussi est une preuve d'amour il s'agit de toi
un nouveau langage planté dans le thorax
les rigoles de sang sous la peau déroulée
de mon ventre autant de mots qu'il y a
d'expériences la vie invente un homme
pour exliquer l'attente et les ressucités.

in Le rayonnement des corps noirs - 2004
Kim Doré

Pourquoi ?


Chacun de nous parfois est une branche
Que le vent fait frémir,
Parfois on est un peu d’écume
Qui passe aveuglément
Sur l’abîme des mers,

Mais dans son rêve
Chacun de nous est un navire
Qui avance et se bat
Furieux, aveugle, avec le vent.

En duel le jour et la nuit
Ici nous coupons une corde,
Là nous rejetons un regard
Et très souvent nous arrachons
Dans notre jardin une rose
Que nous-mêmes nous piétinons.

Tel est l’ordre
Maintenant des jours et des nuits
On vous crie: c’est permis,
Il doit en être ainsi
Mais bien souvent nous pleurons de douleur
Pourquoi doit-il en être ainsi ?

in Anthologie de la poésie yiddish,
Le miroir d’un peuple
Zisho Weinper