Certains souvenirs vous consument si vous les laissez entrer.
Il sont miel et poison à la fois.
Sophia Aouine
Vivre, cest tailler et infailliblement manquer
et puis rapiécer
et rien ne tient (et rien nest tien, et on ne tient
plus à rien
pardonnez-moi ce triste, ce grave jeu de mots).
Marina Tsvetaeva
”
Il est six heures au clocher de l'église
Dans le square les fleurs poétisent
Une fille va sortir de la mairie
Comme chaque soir je l'attends.
Christophe/J-M Jarre
Les étoiles grelottaient.
Les vers luisaient damour bleu.
Les chats imploraient avec gravité.
Chant des chairs en lutte.
Albert Cohen
Les maux bleus ( Printemps
des Poètes )
photo
Geneviève Cygan
[...]
La
principale religion à la maison sappelle le silence.
Pour éviter les problèmes et espérer
être un peu heureux, la tactique à employer est
de fermer sa gueule, baisser la tête, raser les murs.
Alors, cest ce quon fait, maman et moi. La daronne
cest dans sa peau, elle a pratiqué ça
toute sa vie. Ma mère est un fantôme de lait
et de rose. Silencieuse et discrète. Le genre de femme
qui mourra dans les limbes des mots quelle na
jamais osé dire. Le regard droit et le poing fermé
par la rage avortée.
[...]
Je cours, je cours, je ne m'arrête plus.
Les larmes m'inondent le visage. Le jour se lève à
peine et le paysage défile. Du bleu, du vert, du gris,
j'en ai plein la tête. J'aperçois enfin l'horizon.
Mes pieds touchent l'eau saumâtre de la baie de Somme.
Je n'avais pas revu la mer depuis l'enfance. Je cours comme
un fou vers le large. Je ne me souviens plus si je sais nager.
L'infini m'appelle. Je ne sais que ça. Je plonge la
tête la première dans le froid de la Manche en
hurlant cette phrase que ma mère me chuchotait tendrement
à l'oreille, ces fois où mon père n'en
était plus un : "C'est pas grave, fils, quand
tu grandiras, tu auras oublié.
[...]
Jaime
bien les valises. Les valises, cest toujours des souvenirs
de vie. Il y a celles qui ont trop vécu et celles qui
vivront demain à vos côtés. Celles avec
lesquelles on part, on reste, ou on ne revient jamais. On
les bourre, on les transporte, on fait pas attention, on les
sort que pour partir en vacances, alors quelles, elles
ont tout vu de nous : les joies, les malheurs. On ne les calcule
plus, on oublie jusquà leur existence. Et parfois,
on les remplit de vieux souvenirs de ceux qui sont morts.
On les cache pour pas être tristes et elles finissent
par pourrir dans un coin de la maison, parce que cest
trop dur de les regarder. Mais elles, elles continuent de
nous regarder vivre et quand on finit par mourir, elles nous
survivent. Mes parents aussi en ont transporté, des
bagages. On nest pas si différents, avec la dame
douvrir dedans, au fond. Cest lhistoire
de ce pays : on a presque tous, doù que lon
vienne, doù quon parle, peu importe notre
Dieu, une histoire de valises à vivre et à raconter.
[...]
in Rhapsodie des oubliés (Prix
de Flore 2019)
Sophia Aouine
Avant
tout un petit message à l'attention d'Aurélie,
Marie-Reine et Jean- Claude. Nous avons bien reçu
vos invitations à participer à un "échange
communautaire de poésies" et nous vous en
remercions.
Nous vous rappelons que la Liste du Mercredi demeure
ouverte pour publier vos poèmes (personnels ou
d'un auteur autre) et ce au moins le temps du confinement,
voire durant tout le Printemps. Pour nous cela reste
plus simple et moins chronophage que de nous impliquer
dans d'autres expériences aussi intéressantes
soient-elles, dirons-nous pour faire court.
Merci pour vos suggestions et textes de cette semaine.
La tribune demeure ouverte qu'on se le dise ...
Prenez soin de vous et des autres en restant chez vous
!
La Liste du Mercredi
#
BOUTEILLE A LA MER
Par
eina_perez
@ hotmail.com (espaces=nospam)
[Lyon]
Je recherche pour Lyon Croix Rousse les coordonnées
dune entreprise de plaquiste spécialisée
dans lisolation des cloisons contre les rongeurs.
Un grand merci pour vos retours!
Stéphanie
#
PNEUMATIQUE
Par
stephane_mallarmé.@
pleiade.com (espaces=nospam)
[Firmament]
#
VENDS
Par
beabaille62
@ gmail.com (espaces=nospam)
[Lyon]
À venir chercher à la Croix-rousse ou
à réserver par mail ou tél. 06
31 12 93 92
-
CHAISE DE MASSAGE portable
(8,4 Kg. Bleu. + cousin sternal et house de transport.
: 110€
- TABLE DE MASSAGE : 190/70/HT. 0,82, têtière
dans la table : 60€
- Montarbo monitor speaker. 15AA. Sytem 200€
Enceinte amplifié avec 3 entrées (micro
et instrument)
Peut server de retour aussi.
- Instrument de musique électronique : keyboard
49 keys
CT 390 (900/300/91) Batterie DX6 : 90€
- Extracteur de jus : 200€
OMEGA Rouge Vertical
VRT 352R HD
+ tamis à nectar
#
BOUTEILLE A LA MER
Par
pidjey33 @ yahoo.fr
(espaces=nospam)
[Villeurbanne]
C'est la saison des plantations !
Nouveaux arrivants à Villeurbanne avec deux jardins
sous la main, nous recherchons paille, herbe tondue,
compost, fumier, feuilles mortes, broyat pour enrichir
et couvrir nos cultures. Toutes les propositions (volume,
prix ou pas prix...) seront étudiées. On
peut aussi échanger contre des boutures, cartons
de déménagement...
Forte préférence pour les personnes ou structures
en mesure de livrer ou ayant la matière près
de chez nous (Villeurbanne proche Gratte-Ciel). Nous n'avons
pas d'accès facile à un véhicule,
hors vélos et paires de baskets.
Merci, prenez soin de vous en grosses pensées pour
celles et ceux que le blocus met dans une situation difficile.
#
PROPOSITION
Par
coucou
@ pince-mi.fr (espaces=nospam)
[Lyon]
Pour samuser pendant le confinement, Pince-mi
propose quelques minis ateliers à faire à
la maison avec les moyens du bord et à la portée
de toutes les petites mains !
Cette semaine on vous propose un atelier tout simple
et pourtant si joli ! les fleurs magiques !
D'autres minis atelier Pince-mi Lyon sur instagram
, sur facebook
et ou sur demande par mail (adresse ci-dessus)
A bientôt !
#
PRINTEMPS DES POETES
Corona*
Lautomne
mange sa feuille dans ma main :
nous sommes amis.
Des noix que nous cassons nous retirons
le temps et nous lui apprenons à marcher :
le temps sen retourne aux coquilles.
Au miroir cest dimanche,
en rêve cest quon dort,
la bouche parle vrai.
Mon il sen va là-haut au ventre de
ma bien aimée :
nous nous regardons,
nous nous disons des choses sombres.
nous nous aimons comme pavot et mémoire,
nous dormons comme le vin dans les coquillages,
comme la mer dans le rai sanglant de la lune.
Nous nous tenons là, étreints dans la
croisée,
ils nous regardent depuis la rue :
il est temps que lon sache !
Il est temps que la pierre veuille fleurir,
quun cur palpite pour linquiétude.
Il est temps quil soit temps.
Il est temps.
in
Pavot et mémoire, Paul Celan
Traduction Valérie Briet, édition Christian
Bourgois
*Ce
poème a été écrit à
Vienne en 1948 et dédié à Ingeborg
Bachmann. Le texte en version originale ainsi que deux
autres traductions sont consultables sur le site Poezibao
#
PRINTEMPS DES POETES
il
y a une brèche
dans ton visage
une présence tangible
loin des simulacres
une brèche
qui me révèle
je prends ton ciel
comme une main tendue
in
Infiniment proche et Le désespoir n'existe
pas, Zéno Bianu
#
PRINTEMPS DES POETES
Par
dum.ch
@ hotmail.fr (espaces=nospam)
[Lyon]
Il
était une fois une île (suite)
Parenthèse.
// Il a étiré le bras, juste le
bras, avec les doigts au bout, comme pour atteindre
un point, loin, ou pour pousser un mur trop proche.
//
Une
photo.
Je
vous montrerai une photo, et se sera comme un
voyage. Vous imaginerez une voix colorée,
une voix mélodieuse, parce que vous aimez
la musique. Et cette voix vous peindra une image.
D'accord
?
C'est un parc en été, un parc de
ces pays où les saisons ne sont pas comme
chez nous. Les lumières sont envoutantes,
éclatantes, surprenantes en surgissent
les couleurs. Sur la photo, beaucoup d'arbres.
Leur vert de leur tronc se détache, profond,
gigantesque, puissant. Du sauvage délimité.
De l'immense dans un espace carré. Ils
sont majestueux, pyramidaux, gracieux. Les branches,
sveltes, des gymnastes. Les corps, ridés,
sages. On dirait de vieux savants. Un attroupement
d'Anciens ! Ils sont comme à une fête,
regroupés là entre colline lac et
ruisseaux, ils sont comme à une fête,
sûrement un grand évènement.
Et leur présence insuffle la joie.
Caché
dans la colline, un petit temple. On le devine
aux courbes de son toit, à quelques pierres
montées en marches le long de la pente,
et à cette odeur, mélangée
à celle des fleurs, l'odeur de l'encens.
Certains seraient venus prier. Par habitude, par
réflexe, par croyance, par générosité.
Peu importe. De légères ondulations
de fumée dansent à leur venue. Et
ça fait de la vie. On sent qu'aujourd'hui,
c'est fête.
Et
puis là devant, le miroir du ciel ! C'est
l'eau du lac qui scintille et s'émousse,
s'ondule de pétales soufflés-déposés
par de petites bourrasques d'air. Un air chaud,
épais, floral, charnu. Un air gorgé
d'eau qui caresse la surface transparente et caresse
votre peau. La peau de vos joues. De votre cou,
un peu, celle de vos mains, le dessus de vos pieds,
les creux de votre nez. L'air moite vous enveloppe,
il est délicieux, simplement parce qu'il
est exotique. Il est cet ailleurs épicé
qui réveille vos sens. Cette nouveauté
suggérée à votre intérieur
endimanché. En vous, c'est fête !
....
Je
regarde par la fenêtre avec la sensation
de revenir de loin.
Dehors, rien n'a bougé.
Tant pis.
Tant mieux.
Je peux retourner à la fête.
Vous m'y accompagnez ?
Aza
#
SUGGESTIONS DE LIENS DE LA SEMAINE
Par
les abonné-e-s de la Liste du Mercredi ou pas
à écouter
Lien proposé par Cécilia de Varine
[Cecilia.DEVARINE @ arhm.fr (espaces=nospam)
]
Le site internet de notre radio nomade RADIO PASSAGE.
Vous y trouverez, entre autre, la seconde création
radiophonique "archiver nos souvenirs"
réalisée par le comédien et metteur-en-scène
Stéphane Daublain à partir du travail
mené à GIVORS entre novembre 2019 et février
2020, en partenariat avec le CATTP "Les Bords du
Gier" et les Archives municipales de la ville.
Ce travail devait être présenté
en direct par les participants à ce projet sur
Radio Pluriel, notre partenaire, le 25 mars. Nous espérons
retourner à la radio pour parler ce projet dès
que possible.
Et pour ceux qui n'aurait pas eu le temps d'écouter
la première création "La beauté
est le nom de quelque chose qui n'existe pas"
réalisée à la suite de l'atelier
mené à Vénissieux (entre avril
et juin 2019), ce peut être aussi l'occasion.
Pour
une meilleure écoute, nous recommandons de mettre
un casque pour écouter ces deux réalisations.
# RELAIS D'INFORMATION / AGENDA
Les
publications de cette rubrique sont momentanément suspendues.
#
VIDEO DE LA SEMAINE
Par
l'idiot du vill@ge
#
NOTE DE BAS DE PAGE
Le bleu nuit des écrans s'était substitué
aux paysages qui jadis défilaient. Le train fantôme
avançait à vive allure coupant en deux la
nuit cybernétique.