Ce qui donna encore plus de force à cette
peste, ce fut quelle se communiquait des malades
aux personnes saines, de la même façon que le
feu quand on lapproche
dune grande quantité de matières sèches
ou ointes.
Giovanni Boccaccio
” - Et l'isolement, Rieux ?
- Il n'est pas du tout sûr que vous ayez la
peste.
Albert Camus
Il n'y avait plus personne aux terrasses des cafés
Et tous les magasins étaient fermés
On aurait dit la guerre ou bien un jour férié.
Diabologum
Vagues souvenirs ... ( Printemps
des Poètes )
Il
y a eu la peste à ce que l'on croit, à ce que
l'on dit... c'est une chose dont chacun se souvient, les gens
en sont parfaitement sûrs... il y a eu la Peste à
Londres... Les habitants de la Ville sont partis, ils se sont
sauvés, c'est la meilleure solution en pareil cas...
Bien sûr, il a fallu un peu jouer des coudes dans la
mêlée de sortie, marcher sur quelques cadavres,
faire fi de certains principes, c'est une attitude logique...
A la fin de l'année, puisque c'est ainsi que cela se
passe ordinairement, ils reviennent... sains et saufs, ce
qui est loin d'être négligeable... un peu usés,
peut-être, par une déambulation aussi longue
dans la campagne, loin de chez soi, mais sains et saufs, c'est
l'essentiel...
A une journée de marche à peine de la Ville
de Londres... les distances sont difficilement appréciables,
on se croit de retour et rien n'est jamais aussi peu certain...
à une journée de marche à peine de la
Ville de Londres, un certain nombre de survivants campent
ensemble, puisqu'il le faut, et passent leur temps, à
défaut de se battre à se raconter leurs vies,
troublées et à moitié détruites
par les rigueurs de l'Epidémie...
inVagues
souvenirs de l'année de la peste,
Jean-Luc Lagarce
****
[...]
Le mot de « peste » venait d'être
prononcé pour la première fois. À ce
point du récit qui laisse Bernard Rieux derrière
sa fenêtre, on permettra au narrateur de justifier l'incertitude
et la surprise du docteur, puisque, avec des nuances, sa réaction
fut celle de la plupart de nos concitoyens. Les fléaux,
en effet, sont une chose commune, mais on croit difficilement
aux fléaux lorsqu'ils vous tombent sur la tête.
Il y a eu dans le monde autant de pestes que de guerres. Et
pourtant pestes et guerres trouvent les gens toujours aussi
dépourvus. Le docteur Rieux était dépourvu,
comme l'étaient nos concitoyens, et c'est ainsi qu'il
faut comprendre ses hésitations. C'est ainsi qu'il
faut comprendre aussi qu'il fut partagé entre l'inquiétude
et la confiance. Quand une guerre éclate, les gens
disent : « Ça ne durera pas, c'est trop bête.
» Et sans doute une guerre est certainement trop bête,
mais cela ne l'empêche pas de durer. La bêtise
insiste toujours, on s'en apercevrait si l'on ne pensait pas
toujours à soi. Nos concitoyens à cet égard
étaient comme tout le monde, ils pensaient à
eux-mêmes, autrement dit ils étaient humanistes
: ils ne croyaient pas aux fléaux. Le fléau
n'est pas à la mesure de l'homme, on se dit [50] donc
que le fléau est irréel, c'est un mauvais rêve
qui va passer. Mais il ne passe pas toujours et, de mauvais
rêve en mauvais rêve, ce sont les hommes qui passent,
et les humanistes, en premier lieu, parce qu'ils n'ont pas
pris leurs précautions. Nos concitoyens n'étaient
pas plus coupables que d'autres, ils oubliaient d'être
modestes, voilà tout, et ils pensaient que tout était
encore possible pour eux, ce qui supposait que les fléaux
étaient impossibles. Ils continuaient de faire des
affaires, ils préparaient des voyages et ils avaient
des opinions. Comment auraient-ils pensé à la
peste qui supprime l'avenir, les déplacements et les
discussions ? Ils se croyaient libres et personne ne sera
jamais libre tant qu'il y aura des fléaux.
[...]
Paneloux se redressa alors, respira profondément
et reprit sur un ton de plus en plus accentué : «
Si, aujourd'hui, la peste vous regarde, c'est que le moment
de réfléchir est venu. Les justes ne peuvent
craindre cela, mais les méchants ont raison de trembler.
Dans l'immense grange de l'univers, le fléau implacable
battra le blé humain jusqu'à ce que la paille
soit séparée du grain. Il y aura plus de paille
que de grain, plus d'appelés que d'élus, et
ce malheur n'a pas été voulu par Dieu. Trop
longtemps, ce monde a composé avec le mal, trop longtemps,
il s'est reposé sur la miséricorde divine. Il
suffisait du repentir, tout était permis. Et pour le
repentir, chacun se sentait fort. Le moment venu, on l'éprouverait
assurément. D'ici là, le plus facile était
de se laisser aller, la miséricorde divine ferait le
reste. Eh bien, cela ne pouvait durer. Dieu qui, pendant si
longtemps, a penché sur les hommes de cette ville son
visage de pitié, lassé d'attendre, déçu
dans son éternel espoir, vient de détourner
son regard. Privés de la lumière de Dieu, nous
voici pour longtemps dans les ténèbres de la
peste! »
[...]
On peut en donner comme exemple l'usage immodéré
que nos concitoyens
faisaient des prophéties. Au printemps, en effet, on
avait attendu,
d'un moment à l'autre, la fin de la maladie, et personne
ne
s'avisait de demander à autrui des précisions
sur la durée de l'épidémie, puisque tout
le monde se persuadait qu'elle n'en aurait pas. Mais à
mesure que les jours passaient, on se mit à craindre
que ce malheur n'eût véritablement pas de fin
et, du même coup, la cessation de l'épidémie
devint l'objet de toutes les espérances. On se passait
ainsi, de la main à la main, diverses prophéties
dues à des mages ou à des saints de l'Église
catholique.
[...]
Nos concitoyens s'étaient mis au pas, ils s'étaient
adaptés, comme on dit, parce qu'il n'y avait pas moyen
de faire autrement. Ils avaient encore, naturellement, l'attitude
du malheur et de la souffrance, mais ils n'en ressentaient
plus la pointe. Du reste, le docteur Rieux, par exemple, considérait
que, justement, c'était cela le malheur, et que l'habitude
du désespoir est pire que le désespoir luimême.
Auparavant, les séparés n'étaient pas
réellement malheureux, il y avait dans leur souffrance
une illumination qui venait de s'éteindre. À
présent, on les voyait au coin des rues, dans les cafés
ou chez leurs amis, placides et distraits, et l'oeil si ennuyé
que, grâce à eux, toute la ville ressemblait
à une salle d'attente. Pour ceux qui avaient un métier,
ils le faisaient à l'allure même de la peste,
méticuleusement et sans éclat. Tout le monde
était modeste. Pour la première fois, les séparés
n'avaient pas de répugnance à parler de l'absent,
à prendre le langage de tous, à examiner leur
séparation sous le même angle que les statistiques
de l'épidémie. Alors que, jusque-là,
ils avaient soustrait farouchement leur souffrance au malheur
collectif, ils acceptaient maintenant la confusion. Sans mémoire
et sans espoir, ils s'installaient dans
le présent. À la vérité, tout
leur devenait présent. Il faut bien le dire, la peste
avait enlevé à tous le pouvoir de l'amour et
même de l'amitié. Car l'amour demande un peu
d'avenir, et il n'y avait plus pour nous que des instants.
Gens
de Mercure, camarades confiné-e-s ou pas salut,
Aujourd'hui
on a frôlé la catastrophe comme vous allez
le constater. Depuis 2006, après donc 14 ans
d'existence de La Liste du Mercredi, c'est en
effet la première fois que nous avons à
publier si peu d'annonces (outre la suspension récente
de l'agenda culturel). Ainsi nous avons cette
semaine comblé ce manque en reconduisant la publication
de l'offre d'emploi de la semaine dernière afin
que la bouteille à la mer de Gaby ne se
sente pas trop isolée. (Pour celles et ceux qui
souhaiteraient que l'on rediffuse leur annonce veuillez
nous le faire savoir.)
Plus sérieusement, en cette période inédite,
nous vous proposons de tirer parti du confinement, pour
celles et ceux qui auraient du temps à nous consacrer,
en nous faisant des suggestions (pas nécessairement
en lien avec l'actualité), de nous faire parvenir
du matériau (texte image montage sonore musique
etc.), de votre cru ou pas, dans lequel nous puiserons
pour les Listes à venir. Et nous savons ô
combien parmi les abonné-e-s qu'un bon nombre
a du talent.
Voilà l'idée est lancée, c'est
l'occasion de partager, de nous faire connaitre de nouveaux
auteurs ; nous verrons plus tard les éventuelles
modalités, les questions liées au format
etc.
A la semaine prochaine et d'ici-là prenez soins
de vous... restez confinés et néanmoins
curieux... Ne cédez pas à la panique,
gardez le sens du second degré.
La Liste du Mercredi
#
BOUTEILLE A LA MER
Par
cabrielle69
@ gmail.com (espaces=nospam)
[Lyon]
Recherche DEPANNEUR machine à laver!
mon lave linge TOP Whirlpool, fuit l'eau au moment de
l'étape rinçage et le programme se bloque.
les tuyaux d'alimentation en eau et de vidange sont OK.
si quelqu'un a les compétences pour venir me dépanner,
il est bienvenu, dans les règles de distances et
contacts actuels, sans prise de risque, bien sûr
ou m'aider par téléphone.
Par
candidature @ lamiecyclette.fr
(espaces=nospam)
[Lyon]
La Miecyclette recherche 1 boulanger.e associé.e
Qui sommes nous ?
La Miecyclette est une boulangerie lyonnaise en SCOP,
autogérée par 8 boulanger.es / livreur.euses
/ vendeur.euses co-gestionnaires. Nous produisons du bon
pain biologique en tentant de dompter le levain naturel,
gardons le contact avec la pâte en pétrissant
à la main, et regardons ces gros pains cuire dans
notre four à bois. Nous sillonnons ensuite la ville
à vélo pour livrer notre production et vendons
le pain au fournil et au marché. Ici tout le monde
met la main à la pâte, tour à tour
pour fabriquer, vendre, livrer et administrer.
A la Miecyclette, nous sommes attentifs au confort de
travail : nous ne travaillons ni de nuit, ni le week-end
et nous investissons pour une bonne ergonomie. Nous avons
une vision de cogestion où chacun.e simplique
pour faire avancer les choses. Dans ce contexte, nous
attendons du candidat.e une implication à moyen
terme, dont la candidature au sociétariat au bout
de 12 mois est un sine qua none.
Conditions d'embauche :
CDI (période dessai de 2 mois, renouvelable)
Prise de poste le 20/04/2020
1 poste à 35h/semaine
Salaire :
-1446 € net par mois (inclus indemnités de
repas) avec primes
- une grille dancienneté avec un premier
seuil à 1 an
- un accord de participation pour répartir justement
les bénéfices
- 6 semaines de congés payés par an
Missions du poste :
Production de pain bio pur levain et de produits
sucrés
Livraison sur Lyon et ses environs en triporteur
à assistance électrique
Vente au magasin, marché et tenue de permanences
AMAP
Cogestion administrative de la SCOP
Nos attentes :
une solide expérience en boulangerie
un attrait marqué pour l'autogestion avec
une volonté de participer activement à la
vie coopérative, de s'impliquer dans le collectif
des connaissances en bureautique libre, progiciel
Odoo, comptabilité, gestion RH
un investissement à moyen terme (2 ans minimum)
un esprit d'initiative et le sens des responsabilités
des convictions écologiques et solidaires
et un intérêt pour l'univers du cycle
éventuellement une aptitude à la
mécanique vélo et au bricolage
Planning de recrutement :
à partir du 24/02/2020 : Entretiens de recrutement
le 02/04/2020 : Sélection finale du/de la
candidat.e
le 20/04/2020 : Prise de poste
Envoyez nous votre candidature (CV + lettre de motivation)
par mail (voir adresse ci-dessus) avant le 02/04/2020.
#
INFORMATION COVID-19
Par
manuele.berry @ numericable.fr
(espaces=nospam)
[Lyon]
Info reçue après publication
- INFO PIVOT INFIRMIER CROIX-ROUSSE -
Aux
costumier.es, couturier.es, magasins de retouches, merceries,
petites mains et dés à coudre, ateliers
de confection et théâtres...
Vous êtes nombreux à savoir faire des choses
en tissu et vous connaissez les besoins urgentissimes
en masques pour, entre autres, les infirmier.es qui
doivent s'organiser dans une urgence absolue pour assurer
leurs tournées à domicile malgré
le manque cruel de matériel de protection.
Des initiatives se mettent en place dans toute la France
pour la fabrication des masques en tissu, évidemment
non homologués, mais qui évitent le contact
mains/bouche et protègent des projections salivaires
ou éternuements de rhinite allergique.
C'est mieux que rien en attendant les livraisons annoncées
par la Direction Nationale de la Santé !
Si
vous avez envie et le temps de vous masquer, démasquer,
vous pouvez contacter Olivier Gabrys au 06 64 80
68 73
(avec votre N° de téléphone et précisions
sur ce que vous proposez).
Il assurera la coordination des dons avec les équipes
soignantes.
De
même, si vous travaillez pour un magasin de tissus
en gros, une mercerie, et que vous pouvez offrir des
coupons, des chutes d'étoffes solides et lavables
à 90°, de l'élastique, des aiguilles
et du fil, faites-vous connaître...
Plusieurs
patrons sont disponibles en ligne, dont celui envoyé
par le CHU de Grenoble Alpes à ses équipes,
ainsi qu'une liste de tissus adaptés.
Venir
à bout ensemble et au plus vite de ce virus chiroptère
; s'embrasser alors à nouveau dans un grand Carnaval
et tout jeter dans un immense feu de joie !!!
# RELAIS D'INFORMATION / AGENDA
Les
publications de cette rubrique sont momentanément suspendues.